Alerte aux pyrales du buis

chap. 2/2 :   -Comment résister

Certes, le Conseil général des Hauts-de-Seine a fait paraître sur son site internet, le 8 octobre 2012, un avis ‘annexe et marginal’ dans Promenades, au moment où  45 000 buis ont été plantés en grande pompe (et feux d’éclairage), pour la belle restauration du Parc de Sceaux, en l’honneur de l’œuvre d’André Le Nôtre. On y parle effectivement d’un « papillon ravageur ». Mais les propos vécus sont factuels, à peine relus ; puis… rien d’autre ; aucune alerte plus généralisée :

« (…) Sa présence dans les Hauts-de-Seine a été remarquée en 2010 au parc de l'Ile Saint Germain à Issy-les-Moulineaux. Aujourd'hui la pyrale du buis est présente en divers points du département de Boulogne à Neuilly et vraisemblablement sur d'autres communes limitrophes. 

« Les dégâts sont d'abord esthétiques allant du brunissement des feuilles jusqu'à la défoliation totale de la plante. Les larves et les chenilles décapent totalement la surface des feuilles. Le repos hivernal se fait sous forme larvaire dans un cocon entre deux feuilles de buis. L'activité reprend au printemps.

Le buis, espèce indigène, est souvent présent dans nos jardins. On le rencontre en bordure, en topiaire ou en pot libre. Plantés depuis fort longtemps il n'est pas rare de voir de très vieux sujets.

Afin de prévenir son invasion il est important de surveiller sa présence et de l'éliminer.
 Comme toute espèce exotique envahissante nouvelle il n'y a pas de prédateur naturel. Les moyens de lutte consistent à éliminer manuellement les chenilles, à circonscrire les buis atteints et à pulvériser une solution à base de Bacillus thuringiensis tous les dix jours jusqu'à complète disparition des chenilles. Cet insecticide biologique est disponible en jardinerie ou en graineterie. »

Dès lors, ‘la ravageuse’ a beau jeu à Paris. Dès juillet /août 2013, la pyrale du buis progresse alors de boule en boule, de buis en buis, de cône en cône, et voilà de beaux buis vert persistant à présent comme chauves ou fanés. Au fond, c’est une des plaies apocalyptiques de rentrée !

Voici ‘mon’ témoignage, le 10 août 2013 à 14:34 : « Nous vous signalons la présence du 'pyrale du buis' dans nos jardins situés dans le quartier Cambronne/Vaugirard, Paris 15e - 

Il y a trois semaines, dans les nouveaux buis de décor d'un restaurant voisin, puis, cette semaine, un buis non taillé de plus de 25 ans, ravagé en trois jours en mon absence (…).

Pour ma part, j'ai procédé à une taille sévère et détruit toutes les chenilles vivantes au mouchoir en papier – il y en avait peut-être bien plus d’une centaine –  ainsi que celles faisant astucieusement leur cocon, tel un sandwich, dans les feuilles d’un hortensia voisin. Le tout a été emballé hermétiquement (dans double sac) et mis aux ordures pour incinération.

Il semble qu'elles auraient goûté aussi à des fougères grand-aigle, et à quelques feuilles de rosier au passage, mais sans y demeurer…

J'ai constaté que des buis du voisinage (dans  cet arrondissement sur la route de Versailles) étaient touchés aussi, puis tenté de responsabiliser leurs propriétaires présents en ces jours de vacances sur Paris. »

Plusieurs réponses à mes envois ciblés par courriel valent la peine d’être citées. Par exemple, celle de l’Association SAE, mouvement créé en Alsace lors des premières manifestations graves d’une présence de la pyrale en Europe. Une réponse immédiate, précise, professionnelle, m’est parvenue en retour  (cf. le contact en liens) ;  celle de Natureparif, organisme dédié, entre autre, à de fines réflexions ou de bonnes conférences savantes et d’éveil à la Nature sur Paris ; celle d’une amie, présidente de l’association Guest and Garden, en lien direct avec Villandry ;  etc.

Mais aussi, j’ai perçu de lourds silences d’autorités compétentes, non réponses peut-être significatives ?   Il faut que je vous livre ici la teneur chargée de certaines réponses :

 – de Natureparif : « Merci pour votre message, que j’ai transmis à nos naturalistes. Je vous transmets ci-dessous leur réponse :

« Le buis est une plante naturalisée en Île-de-France, donc importée… tout comme la Pyrale.

Certes, la pyrale cause des dégâts contre lesquels les jardiniers doivent se prémunir aujourd’hui, mais nul doute que, comme ce fut le cas ces dernières décennies pour de très nombreuses espèces nouvellement arrivées en France, la Pyrale du buis va se heurter dans les années à venir à de nouveaux prédateurs (à l’image des mésanges qui cherchent spécifiquement sous les feuilles des marronniers et se régalent aujourd’hui des larves de mineuses).

« Ce n’est pas notre rôle  à Natureparif d’influer sur les pratiques horticoles ».

Certains éléments énoncés ou suggérés dans cette réponse intriguent et peuvent laisser circonspect. Or en seconde lecture bien des choses suggérées…

A ma connaissance, le Buis, plante sacrée – originaire d’Europe méridionale – devait être utilisé par les druides ou les thérapeutes de l’empire romain comme plante médicinale. Le buis qui contient des alcaloïdes est fébrifuge ;  il permet de lutter contre la fièvre lors de crises de malaria (avant la découverte de la quinine), il est utilisé avec précaution lors de traitements des inflammations urinaires et biliaires. Or, le Buis vert ­– lié à l’emblème des souffrances humaines sublimées – c’est aussi pour les chrétiens :  le ‘bois béni’  des Rameaux !

Par ailleurs, il est nécessaire de mettre les choses de la Nature en perspective sur un temps long… c’est l’esprit général des savants de Natureparif. Mais ici les dégâts vont à une vitesse terrifiante, inouïe… Cet épisode ne révèle-t-il pas un décalage exemplaire entre certaines réalités contemporaines et  les voies de l’évolution ?  Ces buis pérennes, souvent plus que meurtris, reverdiront-ils un jour après le passage des chenilles ravageuses qui ne vont nullement à pas de limace ?

Il serait bien d’imaginer des rapports à la Nature permettant d’intervenir préventivement par l’attentif !… Par ailleurs, peut-on faire confiance ici  au ‘travail’ des passereaux et d’autres insectes auxiliaires du jardinier alors que, précisément, la mortalité des petits oiseaux est préoccupante en 2013, que les guêpes orientales ne sont pas des plus appropriées ici, et que ‘nos’ abeilles sont fragilisées !

Or la réponse des naturalistes évoque peut-être sans oser aller plus avant quelques secrets mettant mal à l’aise, c’est-à-dire : il ne nous revient pas ‘d’influer sur les pratiques horticoles’. En premier lieu, voyons le contenu pragmatique d’une autre réponse complémentaire et de qualité.

Description : Macintosh HD:Users:etiennetrouvers:Desktop:P9211994 5.JPG

Voici deux exemples de la plasticité formidable de  Buxus sempervirens laissé à son libre essor sauvage sur un temps long. Cliché de gauche: une Boule ‘naturelle’ d’un Buis de plus de 5m confrontée ici avec le tronc d’un Chêne adulte voisin (frère en plantation ?) ;  et visuel de droite : l’un des monuments du Jardin à l’anglaise de Bagatelle, une vaste allée de buis ‘en petite cathédrale’ menant à la fameuse Roseraie. Elle est à présent sous haute surveillance, mais… !   

L'Association, Parcs et Jardins de la Région Centre (APJRC) qui ne dramatise pas mais vit à présent dans l’angoisse objective, titre :  ALERTE AUX BUIS ! :  « La pyrale sévit en région parisienne. Les dégâts causés par la pyrale du buis sont considérables. Elle détruit un très grand nombre d’arbustes et peut dénuder une haie en une saison. En plus, de défolier entièrement l’arbuste en dévorant l’intégralité du feuillage, les chenilles altèrent l’aspect esthétique du buis en lui conférant une couleur brunâtre, en dévorant l’écorce verte.

 « Les symptômes pouvant être confondus avec une attaque fongique, l’invasion ne se remarque que tardivement, généralement lors de la deuxième génération. (…)

« Pour lutter, il est impératif de contrôler régulièrement à partir du mois de mars, le feuillage, afin de déceler une éventuelle présence de chenilles. A petite échelle, les chenilles peuvent être régulièrement récupérées à la main pour être détruites. La mise en place de pièges à phéromones pour attirer les papillons mâles est une mesure de détection précoce, qui permet également d’optimiser les dates de traitement. La lutte biologique est à privilégier et des préparations bactériennes à base de Bacillus thuringiensis var. (Kurstaki) sont disponibles dans le commerce.

«  Les applications par pulvérisation doivent s’effectuer dès l’apparition des premières larves. En général, 2 à 3 interventions sont nécessaires pour éradiquer une génération de chenilles. »

Dans la Région centre, encore épargnée présentement par la Pyrale du buis (lieu où tant de châteaux historiques et de belles demeures ont leur complément ornemental de buis depuis la Renaissance), il existe des pépiniéristes qui travaillent encore cette plante, selon la tradition respectée de la pousse naturelle et lente… Mais ailleurs, le productivisme de l’horticulture contemporaine est-il en fait la cause des premières attaques du buis ?

Certes, la tentation d’importer est, disons, naturelle. Du naturel économique sans doute ;  du libre échange, du nécessaire !?

Or, en consultant la carte de France repérons les foyers présents :  (Bâle-Mulhouse depuis 2008)  l’Alsace ;  l’Ile-de-France ;  Poitou-Charentes ; Midi-Pyrénées ; la Région PACA.  Mais cette peste… sur le végétal  ne va pas inéluctablement du Nord au Sud !

Plusieurs éléments et facteurs sont en œuvre. En l’occurrence, dans chaque zone où l’insecte arrive il y a un identique mélange détonnant :

- des lieux de possible fret d’aéroports… Or l’homme de la rue ignore souvent ceci :  aujourd’hui la terre et les plantes ‘prennent l’avion’ communément !

- puis ce sont des pratiques tout aussi actuelles, hors nature ! Certaines plantes de serres sont  forcées sous lumière artificielle continue. Car à quoi bon leur accorder le respect des rythmes solaires et de repos ? Il en résulte des plants souvent fragiles, réceptifs aux parasites et… accueillants aux insectes.

- ensuite, c’est la promiscuité après l’envol qui est à l’œuvre… Beaucoup de transports en camion, en pot, etc. !?  En divers magasins d’horticulture et grandes surfaces en France, l’on voit maintes importations à grande échelle de buis ‘nouveaux’ (par exemple de  Belgique et des Pays-Bas) pour les jeunes plants. Mais aussi des formes de buis fameuses, dites à la française, purs produits issus de l’Art des topiaires 2013, végétaux de plus en plus souvent importés de Chine ou de Corée, etc. Donc du ‘naturalisé’ avec peut-être la Pyrale du Buis ‘en prime’ ?

Mondialisation ou pas, ‘nos’ domaines de buis ne devraient-ils pas être, pour le moins, préservés par une quarantaine sanitaire ?

 Qu’importe, il ne faut surtout pas le dire… Ce sont les lois présentes du libre échange qui font la vie contemporaine !  Même au Journal du 20h, on donne dans une idéocratie légère. Il n’y est question que de « petite déconvenue au retour de vacances » (Vacances touristiques en Asie s’y ça se trouve !). Et voici la prophétie finale de  TF1 à la veille du 1er septembre :  « Malgré les traitements, rien n’arrêtera l’expansion de ce papillon qui ne dispose d’aucun prédateur naturel sur notre territoire » (dans l’occultation quasi générale…  quelle information préventive ?).

Description : Macintosh HD:Users:etiennetrouvers:Desktop:IMG_4565 2.jpg

Bosquet d’Apollon à Versailles : gros plan sur une pousse lente du buis, Buxus sempervirens qui, en période d’équinoxe d’automne, confère tous les stades ‘décoratifs’ de la croissance du bourgeon végétal… au moment de la graine (septembre 2013).

Objectivement, que peut-on faire aujourd’hui ? Sur une carte de France, il convient de remarquer que les divers foyers d’invasion – même s’ils deviennent brasiers – sont encore distants les uns des autres en terme de vol d’avion (ou d’oiseaux migrateurs), avant leur expansion par vol de papillons.

Certes, Diaphania perspectalis vit environ une semaine ; il est fécond (200 à 300 œufs à certaine ponte !) et ce, pour des chenilles particulièrement voraces. Sous nos climats en Europe occidentale, trois ou quatre générations de chenilles dévorantes par an se peuvent… Le cycle de la chenille dure environ 4 semaines, par vagues successives entre juin et septembre/octobre ; il paraîtrait à présent que les chenilles de la dernière génération avant l’hiver ne mesureraient qu’un centimètre de longueur ! Pour l’observateur attentif, petites elles sont repérables en surface des feuilles dont elles mangent la part luisante et verte, la transformant en tache verte blafarde… Parfois les larves, après l’hivernage des chrysalides, se manifestent dès mars.

Description : Macintosh HD:Users:etiennetrouvers:Desktop:IMG_4573 3.jpg

Encore peu visible aux passants,  stade de première attaque de quelques chenilles éparses ;  par exemple ici, les nymphes sont cachées entre deux feuilles dans certains buis du Bosquet d’Apollon à Versailles, tout comme au Jardin du Luxembourg non loin du verger du Sénat… En bonnes mains jardinières sans doute, peut-être traitées… !

Toutefois on peut s’interroger en cette année Le Nôtre sur le nombre de jardins patrimoniaux déjà en péril dès cet automne ?  

Quelque soit notre goût les buis sont l’élément fondamental du dessin jardinier. Dans l’histoire des jardins, les effets d’encadrement des massifs construits sur plusieurs niveaux de terre, toujours très commodes avec ce végétal persistant à fortes ramifications, permettent un bon drainage ; une possibilité esthétique et fonctionnelle qui confère la grandeur des parterres décoratifs à la française ;  or sans autre végétal de substitution (sans alternative aussi riche !), c’est la meilleure part de l’Art des topiaires en buis qui est plus que remise en cause.

Pour ma part j’ai vu pour la première fois « très nettement » ce type de chenilles vertes ravageuses au travail dans… le Jardin japonais du musée Albert Kahn, (Hauts-de-Seine); mais sans en saisir le dynamisme ni percevoir la calamité, je me souviens l’avoir respectée dans l’idée qu’elle deviendrait peut-être un beau papillon ! Mais ainsi s’expliquait ce que j’avais vu au Parc de Bagatelle… L’information subjective n’était que suppositions. 

A présent, bien que sans conscience scientifique véritable et professionnelle, je comprends mieux d’après mes observations, mes interrogations de personnes étonnantes du domaine jardinier, et le recoupement des sources encore peu nombreuses sur Internet, que dans un premier temps les chenilles ont trouvé bien des facilités gustatives dans et sur des plants forcés, cultivés sous ‘les printemps artificiels’ des serres !  Est-ce une question d’alcaloïde si, par exemple, Buxus sufruticosa (buis nain vu au jardin Albert Kahn) est un de leur foyer préféré ? Les chenilles du pyrale du buis s’y dévoilent monstrueusement gloutonnes. Et pour satisfaire cet appétit là, combien de buis d’importation diverse aux jeunes pousses vert tendre ? 

 Au premier stade, les pyrales de première génération sont encore à peine visibles (voire même farouches !). Puis, dès la génération suivante, c’est-à-dire, quatre à cinq semaines après, souvent à leur rencontre de buis bien ‘lissés à la française’, il y a déjà comme une autre stratégie :  des mutations de visibilité !?

On peut penser que la taille jardinière des buis préserve quelque peu (leurs feuilles souvent minuscules sont extérieures, telles ‘une calotte’). Concrètement, il n’y a que de petites feuilles en surface ‘à brouter’, et elles sont peut-être coriaces sur les parties hautes des végétaux bien formés. C’est donc au cœur de la topiaire des buis que progresse l’insecte. Les pyrales s’en prennent ainsi à tout ce qui est vert sur les écorces des branches  (sur les haies linéaires c’est du plus mauvaise effet… cela va sans dire !). Buissons et boules ‘toujours verts’ deviennent alors en grande partie ‘blond sec’ comme les blés !…

Phénomène courant chez les chenilles,  les pyrales ne grignotent qu’en partie, de-ci de-là ; mais ici, elles semblent ouvrir des portes… Certes, pour cette entrée en matière les papillons ont relativement peu pondu d’œufs au même endroit ;  d’où, tout juste des plaies faisant croire à quelques accidents sans gravité…

Or ce sont des enclaves d’avant-garde. Puis dès la génération à venir, tout s’amplifie ;  après leur métamorphose, les papillons nouveaux vont pouvoir y pondre amplement, copieusement.

Après un premier temps de colonisation discrète, les larves émergent, nombreuses, par groupes et par centaines.  Peu après la ponte… leurs têtes noires se forment au sein ‘d’œufs au plat‘ miniatures… Elles sortent alors rapidement du dessous des feuilles pour phagocyter les buis aux frontières plus ouvertes. Il y a peut-être des goûts de buis préférés, ou des accès plus commodes… Au départ, pour bien les voir il faut parfois écarter la ramification. Mais, très vite, les larves peuvent être nettement observées tout à leur travail glouton, par exemple dans des buis sempervirens non taillés, plus rustiques (espèce indigène de grande taille), dans nos bois, jardins ou parcs.

Après une arrivée en petit nombre (d’une timidité simple), les insectes conquièrent opportunément, se fortifient, puis ravagent. – Activité, temps de repos faisant croire que le végétal est hors de danger. Puis, nouveau développement :  les cycles s'amplifient !  Et c'est alors par centaines de chenilles,  parfois regroupées 'en banc' sur quelque buis vénérable, qu'il faut les !?… Or, sans lutte véritable, précise, appropriée, organisée, planifiée… s'envolera toujours le ou les papillons assurants l’avenir d'une défoliation généralisée en toute la France. Leur expansion actuelle est trop comme une conquête sans résistance !

Les chenilles deviennent alors spectaculaires ; leur effet de nombre épouvante !  Comme protégées par notre lenteur à réaliser, puis, à réagir, c’est par notre vision de dégoût (d’effroi et de fascination) que ça passe. La pyrale du buis ne laisse alors que des squames et des crottes grises à terre… ou prises dans leurs soies… On s’interroge. Combien de buis précieux français, toujours  de pousse relativement lente en milieu naturel, vont y passer ?

Au fond, c’est une donnée riche d’enseignement… l’insecte vient d’Extrême Orient (de Chine ?). En Occident, nous ne sommes plus à l’époque des croyances en la ‘génération spontanée’,  ni du ‘péril jaune’ !  Mais l’attitude de réalisme pessimiste, donc de manque de résistance lucide, laisse songeur.

A présent à Paris, là où les femelles pondent il y a forcément ‘le mieux’ des sources d’attraction, fragrances du buis ou lumières fascinantes de la Ville. Il m’est aussi apparu qu’en fait, ce papillon, dit nocturne, dormait à peine de jour, lorsqu’il s’est agi de l’approcher au matin ou en fin d’après-midi pour le photographier. De plus, son pouvoir d’adaptation et ‘d’opportunisme vital’ m’a surpris !

Devant tel phénomène, nous n’opposons que nos habitudes de luttes occidentales, individuelles, cherchant  avis et conseil propre… ‘disponible dans le commerce’ pour traiter ‘curativement’.  – Notre chimie ?!  Il y aura toujours un produit de ‘rêve’ à nous vendre !  Actuellement, la chimie dite BIO est là… Des remèdes locaux, plus ou moins « biologiques ou chimiques » sont proposés (en toute discrétion bien sûr !...).

 

Certes, le problème est complexe. Alors pourquoi ne pas utiliser une méthode opiniâtre ‘à la chinoise’ pour juguler ici ?

Celle d’un esprit de finesse face à l’expansionnisme de ce défoliant naturel consterne. Dès lors, est-ce juste de titrer :  « La guerre à la pyrale du buis est déclarée » (Le Parisien du 23 août 2013). La solution de pulvériser sur les végétaux une ‘solution’ biologique :  le Bacillus thuringiensis,  existe. Mais ce n’est peut-être pas sans risque divers, rétroaction, ni la panacée dans nos comportements occidentaux ?  Mais avant tout, c’est technique ; ‘la combinaison de survie’ est nécessaire pour opérer… Et ce n’est peut-être pas sérieux de se confronter encore à de telles prises de risque !  D’autre part, les pièges à phéromone sont vite trop petits, hélas. D’ailleurs, en marge de ces traitements (astreignants), les pyrales continuent de progresser… générations après générations.

A priori, ce n’est que la petite histoire d’un noble végétal éliminé à terme  par  ‘un insecte beau comme la mort’.

Nul problème pour la Santé publique ne motive ici les politiques ;  c’est tout juste si la grande majorité des ‘hommes de la rue’ paraît attentif à l’existence de Buxus sempervirens et autres bestioles du même genre esthétique !  Mais dès que l’on parle de la présence du buis dans nos vies,  c’est beaucoup plus que la disparition d’une espèce végétale ou de l’abattage des vaches folles ou des poulets. Le patrimoine de buis nous accompagne esthétiquement, dans la civilisation humaine, comme il en est des chiens et des chats domestiques  ­– un Fait nécessaire pour une vie agréable et bonne ?

Description : Macintosh HD:Users:etiennetrouvers:Desktop:24-pluie-froide-sertie-cmjn.jpg

L’identité culturelle des Jardins à la française est certainement en péril ! Dans mon tableau photo  - Pluie froide sertie -  œuvre réalisée à Villandry pour mon exposition, c’est richesse et proposition aux regards attentifs... Voir par exemple les ‘carnations vertes’, le climat chromatique de tels buis jardiniers… (cf. http://villandry.etienne-trouvers.com)

On peut imaginer – mieux que jamais autrefois – que ce problème demande un engagement. Non plus les réponses simples et dogmatiques habituelles, mais une diversité de solutions adaptées aux phases successives de l’effet et du papillon…

Plutôt qu’une occultation relative, ne peut-on susciter les forces solidaires en ce cas de péril d’un ‘fleuron’ du patrimoine français ? Ne peut-on faire appel au principe de responsabilisation des consciences associatives, au service des bonnes volontés écolo ou aux travaux pratiques du scoutisme dans ce cas d’une grande cause de survie ? C’est peut-être une belle part de nous-même à défendre avec les possibilités des : GPS, e-mail et autres moyens SMS actuels pour établir un fondement d’action – faire aussi bien que ce papillon  Diaphania perspectalis
 –, une cartographie de la présence des buis sur tout le territoire (particulièrement aux frontières des zones de bouffe !). Il est encore temps. « Ce ravageur cause d’importants dégâts physiologiques, esthétiques et économiques sur les buis. »

En complément pratique, il serait bien ici que les autorités compétentes nous permettent d’y apporter telle ou telle de ces solutions douces :

-le ramassage à l’oriental des larves, ainsi qu’il en a été du Charançon andin de la pomme de terre (perçu comme cause de risque pour la survie alimentaire !), dans le style cueillette des premières feuilles du thé en extrême orient… (avec ou sans gant, avec un aspirateur, parfois un escabeau), par chance, et c’est à répéter, cette pyrale n’est pas urticante ;  de plus, contrairement à d’autres cas de quasi disparition végétal d’arbres européens, elle se tient à portée de mains ; des jeux piquants d’observation de la nature ou de découvertes amusantes en famille peuvent aussi être un ressort efficace ;

  -l’attraction nocturne sur drap éclairé pour la capture de l’insecte diaphane, en l’occurrence les chasseurs sont armés de filets à papillon… (si le drap est imprégné du phéromone des pyrales et de la fragrance du buis, quel gain de temps !) ; cette technique est gratifiante sachant que chaque papillon attrapé vous évitera 200 à 250 œufs ;

-mais aussi, tout simplement, la préservation sous plastiques percés de petits trous d’aération pour la plante à titre de prophylaxie aux moments, repérables, de la ponte (il semblerait que le feuillage du buis peut aussi être vaporisé d’huile de colza en complément  ce qui va empéguer utilement l’insecte et neutraliser ici sa ponte !) ; un produit, utilisé en agriculture Biologique, à base d’huile de colza et de pyrèthres naturels existe.

Mais ne soyons pas plus dogmatiques que les faits et gestes naturels ! Quelle autorité responsable va prêcher le réveil et la résistance ‘naturelle’ pour notre dignité humaine ? On imagine ici avec quels accents sublimes un Ministre d’Etat chargé des affaires Culturelles serait monté au créneau pour la défense d’un élément fondamental de notre histoire esthétique, pour que soit menée en France une action résolue !  L’homme avait une idée des relativités artistiques mondiales, mais pas de l’impuissance française…  Il y faudrait à présent, tel ou tel personnage médiatique, cathodique ou télévisuel, dit-on ; peut-être avec des propos sur les grands équilibres naturels, les interactions, et nos devoirs d’humains pour éviter le pire aux générations futures… Mais, quoiqu’il en soit : à vos chenilles, nymphes, chrysalides et  papillons, Citoyens !

Etienne TROUVERS