Expositions Paris Porte d'Auteuil,
Ecole d'Architecture

" Heureux celui - qui plane sur la vie et comprend sans efforts Le langage des fleurs et des choses muettes ! "
C. BEAUDELAIRE

" Je crois qu'une feuille d'herbe n'est en rien inférieure au labeur des étoiles. "
W. WHITMAN

fleur. Réceptacle emblématique entre Ciel et Terre. Longtemps, les hommes ont voulu voir dans les fleurs un principe passif, féminin ou neutre. Mais, par delà l'innocence du plaisir fin et délicat, Goethe a cette formule fameuse pour mieux définir le captivant état de grâce des végétaux : " la fleur est une feuille folle d'amour " (définition à rapprocher peut-être de celle donnée par le Petit ROBERT, "1°bot. Partie des plantes phanérogames qui porte les organes reproducteurs ").

orchidées. Plante de la famille des orchidacées ; famille, selon les botanistes, " la plus vaste et la plus évoluée de la planète…".
L'une des spécificités des éléments floraux de l'orchidée réside dans sa structure bilatérale ou symétrique. Alors que la quasi-totalité des autres fleurs se forment selon un plan régulier, en géométrie axiale (une marguerite disposera par exemple ses pétales tout autour d'un centre… en corolle), les éléments floraux de l'orchidée sont plus divers, et bien plus typiquement symétriques :
- trois sépales de même grandeur, le sépale supérieur ou dorsal, et deux sépales latéraux en dessous ;
- deux pétales similaires placés de chaque côté du centre, et un pétale inférieur, le labelle (ce dernier étant la partie la plus ornementale de la fleur, il va jouer le rôle de " plate-forme attractive " pour les insectes);
- enfin, la colonne, structure tubulaire portant les organes reproducteurs, pollinies , et stigmate, sous un " petit masque ", l'anthère.
Un dispositif qui procède selon un jeu subtil de l'être et du devenir… Il est en effet frappant de reconnaître dans pareille disposition la transposition - par similitude ou empathie, énigme fascinante de l'évolution - des caractéristiques bilatérales de l'insecte polinisateur (le messager de la vie à venir).

Dans la variété des orchidées réparties en 800 genres (des plus cosmopolites), j'ai spontanément été séduit par la Phalaénopsis - comme capté par son mystère et sa beauté régulière.
Le mot Phalaénopsis dérive de phalaina (phalène), et d'opsis (apparence). Cette fleur, nommée dès 1852 Phalaénopsis amabilis par le botaniste néerlandais Blume (en raison de son élégance et de son apparence de papillon en vol), semble l'incarnation, toujours renouvelée, d'une certaine ambivalence entre règne végétal et règne animal. D'où un large éventail de créations autour des phénomènes complexes de la beauté et de la laideur, autour de ses symétries, de ses tensions bilatérales, autour de ses équilibres, de ses ruptures expressives et dynamiques ; le tout proposant à la sensibilité du regardeur un vaste jeu d'interprétations poétiques et philosophiques évoquées dans mon préambule.
Au moment de mes premiers dessins au Jardin des plantes de Paris (en 1987), cette orchidée n'avait pas encore la notoriété et la fonction référentielle (à la mode) qu'elle a atteintes aujourd'hui. Cette fleur fantastique, véritable signe d'amour esthétique sur les richesses du monde, devenue accessible à tous grâce à une technique horticole de clonage en conscience m'intéresse ! (analogie avec mes multiples-artistiques ?).

épiphytes. Le botaniste compte cinq groupes parmi les végétaux aériens : les plantes terrestres, les épiphytes, les lithophytes, les plantes carnivores, et les plantes parasites.
Qu'un végétal tire sa subsistance du sol où il s'enracine, chacun le sait. Les fleur-papillons, en revanche, ne se développent pas selon l'ordinaire des plantes terrestres. Si elles ont besoin d'un support pour se fixer (par exemple une pierre, dans le cas des lithophytes), elles se nourrissent essentiellement, grâce à leur racines aériennes, des particules en suspension dans le milieu ambiant ; on les qualifie donc d'épiphytes.

E. TROUVERS
extraits de : Quelques mots clés de ma pratique, expositions automne 2000